Histoire de la Société de Thérapie familiale Psychanalytique d’Ile de France
Parallèlement fut créée la Société Familiale Psychanalytique d’Ile de France (S.T.F.P.I.F.) Les buts et les moyens de cette association sont les mêmes que ceux de la société nationale, mais en plus avec la mission spécifique d’assurer la formation de thérapeutes familiaux. Le programme de cette formation figure en partie dans le présent site et, de façon plus détaillée, dans une plaquette d’une dizaine de pages qui peut être envoyée à toute personne intéressée. Une liste des principaux ouvrages sélectionnés est remise aux membres en formation. Les fondateurs de l’Association d’Ile de France sont : A.M.Blanchard, C.Diamante, C.Leprince, G.Decherf, J.P.Dumont, A.Eiguer, N.Khoury, B.Michel, A.Ruffiot, R.Sefcick, S.Tisseron. Il y a une dizaine d’autres associations ou centres régionaux situés à : Aix, Albi ; Amiens, Besançon, Bordeaux, Bretagne, Grenoble, Lille, Lyon, Metz, Tours
Les thérapeutes familiaux ont une identité commune fondée sur une formation psychanalytique individuelle, une formation groupale notamment avec la participation à un psychodrame qui complète la formation individuelle et permet, en outre, de mieux cerner le fonctionnement groupal et le fonctionnement familial. De plus et dans la mesure du possible, une co-thérapie familiale peut être proposée aux membres en formation qui n’ont pas encore la possibilité de pratiquer des thérapies familiales psychanalytiques et qui, du même fait, ne peuvent pas accéder aux supervisions. Parmi les réalisations de la S.T.F.P.I.F. citons principalement : la réalisation d’un colloque annuel (celui de Janvier 2005 portera sur les crises dans la famille et dans l’institution), la création du Centre de thérapie familiale Didier Anzieu, lesconférences de Ste Anne, les groupes de recherche, les ouvrages collectifs tels que l’Intermédiaire, (bulletin intérieur), La fête de famille, Les crises familiales. Un nouveau cycle de formation centré sur l’écoute familiale et sur l’analyse des pratiques, destiné aux professionnels de la santé qui ne désirent pas devenir thérapeutes familiaux vient également d’être mis en place. Etc.
Les grandes figures fondatrices des théories et des pratiques des groupes, du psychodrame et de la thérapie familiale psychanalytique en France sont : André Ruffiot, Didier Anzieu, René Kaës et d’autres dont nous allons évoquer les premiers travaux entre les années 60 et 90.
André Ruffiot
Psychanalyste, professeur émérite en psychopathologie clinique à l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société, Grenoble2, présente sa thèse de doctorat de 3e cycle en psychologie clinique en 1979 intitulée Thérapie psychanalytique de la famille.
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- Il publie en 1980 : Technique analytique de traitement du groupe familial
- et un article essentiel en 1981 : Le groupe famille en analyse – L’appareil psychique familial dans la thérapie familiale psychanalytique
- dans un ouvrage collectif chez Dunod, de la collection Inconscient et Culture dirigée par René Kaës et Didier Anzieu : La thérapie familiale psychanalytique. Il propose une description de la technique de la thérapie familiale psychanalytique, un cadre analytique pour la famille avec ses règles et pose les indications. Selon l’auteur, l’appareil psychique familial, en résonance avec la notion d’appareil psychique groupal de R. Kaës, a comme fonction essentielle de contenir les psychismes individuels. Il est la fonction alpha de la mère, partagée par tous les membres de la famille.
- Paraît en 1981 : Appareil psychique familial et appareil psychique individuel, hypothèses pour une onto-éco-génèse in Dialogue 72, de l’A.F.C.C.C., et Le pouvoir absolu : l’imago des parents combinés ou l’anti-scène primitive, in Dialogue 73, A.F.C.C.C.
- Il publie en 1982 : Le holding onirique familial in Génitif et La thérapie familiale. Pourquoi ? in Dialogue n°75 et Les mécanismes de défenses familiaux avec F Aubertel in Dialogue 75.
- Il soutient une thèse de doctorat d’état ès lettres et sciences humaines en 1983 : Thérapie familiale psychanalytique et ses développements à Grenoble 2.
- Il publie en 1983 : La thérapie familiale psychanalytique ou la réinscription du vécu originaire in Bulletin de Psychologie n° 363
- et, toujours chez Dunod, en 1984 Le couple et l’amour de l’originaire au groupal dans un ouvrage collectif : La thérapie psychanalytique du couple. Il propose alors L’amour comme illusion de deux corps pour une psyché unique.
- En 1985, Originaire et imaginaire le souhait de mort collective en thérapie familiale psychanalytique, in Gruppo, 1, aux éditions Apsygée, Clancier-Guénaud.
- En 1988, La théorie classique de la psychose et ses impasses, une perspective de compréhension groupale, in Gruppo 4, aux éditions Apsygée, Clancier-Guénaud.
- En 1990, Holding onirique familial, in Gruppo 6, Ed. Aspsygée.
Dans de nombreux articles, il expose la notion de mythopoïèse familiale et celle de ” holding onirique familial ” en thérapie familiale psychanalytique. Il dirige de nombreux travaux universitaires, DEA et thèses autour de la thérapie familiale psychanalytique. Il est membre fondateur et membre d’honneur de la Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique.
De nombreux psychanalystes de l’école française travaillent à cette époque sur le groupe, le psychodrame, le couple et la famille et publient un certain nombre d’ouvrages.
Didier Anzieu
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dès 1958 : Le psychodrame analytique chez l’enfant au PUF,
- en 1968 : La dynamique des groupes restreints,
- en 1971 : L’illusion groupale dans la NRP n°4,
- en 1974 : Le moi peau dans la NRP n° 9,
- en 1975 : Le groupe et l’inconscient chez Dunod.
Ce dernier ouvrage est la clef de voûte de toutes les recherches et travaux sur les phénomènes de groupe. L’œuvre scientifique de Didier Anzieu est reconnue dans le monde entier, mais il ne faut pas oublier son œuvre littéraire qui reprend sur un mode poétique et souvent humoristique la plupart de ses concepts (voir notamment ” Les contes, l’amour, la mort, l’humour ” in Portrait d’Anzieu in Groupe, Hommes et Perspectives : Journal des Psychologues, 1992). ” J’ai reçu, j’ai transmis. Je me sens quitte envers ceux qui m’ont donné. Soyez quitte à votre tour de la même façon que moi ” dit-il au cours d’une journée qui lui est consacrée. Dans les années 1988 A M Blanchard et G Decherf co-animent un psychodrame avec Didier Anzieu
René Kaës
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en 1972 : Les séminaires analytiques de formation
in Le travail psychanalytique dans les groupes chez Dunod - en 1976 : L’appareil psychique groupal chez Dunod
- en 1979 : Introduction à l’analyse transitionnelle
in Crise, rupture et dépassement chez Dunod - en 1986 : Filiation et Affiliation
in Gruppo 1 etc.
L’auteur a beaucoup travaillé avec Didier Anzieu et son œuvre importante est dans la même lignée.
Alberto Eiguer
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en 1978 : La prise en charge des familles dans un hôpital de jour.
- En 1980 : Méthodologie de l’interprétation en TFP dans la revue Psychiatrie.
- En 1981 : Contribution psychanalytique à la théorie et à la pratique de la psychothérapie familiale avec D. Litovsky de Eiguer in La thérapie familiale psychanalytique chez Dunod.
- En 1983 : Un divan pour la famille chez Le Centurion
- En 1987 : La parenté fantasmatique, Transfert et contre-transfert en T.F.P, Paris Dunod. Etc.
E. Granjon
- En 1976 A propos de trois cas de psychothérapie familiale.
- En 1982 Violence et fantasme en TFP
- En 1986 L’enveloppe généalogique de la famille, in L’œuvre ouverte, Autour du concept de moi-peau et des travaux de Didier ANZIEU, Actes des Journées du C.O.R., Hôpital J. Imbert, Arles.
- En 1987 Traces sans mémoire et liens généalogiques dans la constitution du groupe familial, in Dialogue, n° 98.
- En 1987 La thérapie familiale psychanalytique : un processus de réétayage groupal, in Dialogue, n° 98.
- En 1987 Des objets bruts aux objets de relation, in Après Winnicott, Actes des Journées du C.O.R., Hôpital J. Imbert, Arles.
- En 1989 Transmission psychique et transfert en thérapie familiale psychanalytique, in Gruppo, n° 5, Ed. Apsygée.
- En 1990 Alliance et aliénation : ou les avatars de la transmission psychique intergénérationnelle, in Dialogue, n° 108.
- En 1990 Les voix du silence, in R.P.P.G., n° 15.
Serge Tisseron
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en 1985 Tintin chez le psychanalyste</strong>. Nombreux de ces écrits vont d’abord traiter du secret dans la famille, de la honte et du transgénérationnel.
- En 1986 Généalogie, honte et transfert, in Mémoire, transmissions psychiques, transfert. Acte du colloque inter-universitaire à Paris avec Fédida et Guyotat et La main, le mot et le fantôme in Cahier de l’IPC
- En 1990 Tintin et les secret de famille chez Seguier
Gérard Decherf
Participe dès 1968, aux recherches d’A. Ruffiot qu’il a rencontré pendant ses études universitaires.
- Il publie en 1976, Les aspects spécifiques du groupe d’évolution pour enfants in Perspectives Psychiatriques
- En 1981 Œdipe en groupe chez Clancier-Guénaud
Jean-Pierre Caillot et Gérard Decherf
- En 1982 : Le travail du psychanalyste dans la Thérapie familiale d’inspiration psychanalytique in RFP n°2 et encore en 1982 Thérapie familiale psychanalytique et paradoxalité chez Clancier-guénaud
- En 1984 Le cadre de la thérapie familiale psychanalytique in RFP n°6
- En 1985 La position narcissique paradoxale in GRUPPO n°1 et >Couples, familles et défenses perverses in Gruppo
- En 1988 Le couple anti famille, la famille anti couple, le fantasme d’auto engendrement in GRUPPO n°4
- et un livre de base en 1989 Psychanalyse du couple et de la famille aux éditions Apsygée, ouvrage dans lequel sont déjà décrits le cadre et la clinique du psychodrame familial.
Paul-Claude Racamier
- en 1961, La mère et l’enfant dans les psychoses du post partum in Evolution psychiatrique n°26
- En 1976, Rêve et psychose : rêve ou psychose
- En 1978 Les schizophrènes chez Payot
- En 1989 Antoedipe et ses destins aux éditions Apsygée
Serge Lebovici (1918-2000)
Propose de nouvelles techniques de soins : le groupe-analyse, le psychodrame individuel, les entretiens familiaux, le soin et l’observation mère-bébé. Il a reconnu dans le transgénérationnel une voie prometteuse pour le soin de la prime enfance, la thérapie familiale et la psychanalyse d’adultes. Il fut l’un des premiers à en parler. L’idée d’arbre de vie a été le fruit de ces observations : une révision de la généalogie en soulignant le pouvoir identifiant des membres de la famille.
Jean-Claude Rouchy
En 1986 Une topique groupale, W.R.Bion et le groupe R.P.P.G.
Francine André
En 1986 : ” L’enfant insuffisamment bon en T.F.P. ” P.U.F
Claude Pigott
En 1988 La résonance fantasmatique in GRUPPO n°4 , Editions Apsygée
Jean Lemaire
En 1988 Le couple sa vie sa mort in Payot
Missenard
En 1972 Identification et processus groupal in Le travail psychanalytique dans les groupes chez Dunod
J.B. Pontalis
En 1968 Rêve dans un groupe in Le travail psychanalytique dans les groupes chez Dunod
A.Bejarano
En 1972 : Résistance et transfert dans les groupes in Le travail psychanalytique dans les groupes chez Dunod
Pratiquement tous ces auteurs prolongeront leurs travaux après 1990 et sont des grandes figures de la TFP de nos jours. Il y a beaucoup d’autres ouvrages sur la famille depuis 1990 et de nouvelles écoles et institutions se sont dégagées.
Morceaux d’histoire ! par E. Darchis
Un peu d’histoire sur la création de la STFPIF
- Contexte : La psychanalyse groupale et familiale
Dans les années 1960-1970, les psychanalystes de groupe (comme Anzieu, Missenard, Kaës…) se rassemblent en France et fondent des associations (SFPPG, CEFFRAP…) qui vont développer des travaux et des pratiques sur l’approche psychanalytique groupale. Dans les années 1980 c’est le courant de la psychanalyse familiale qui émerge. Dans ce contexte vont être crées des sociétés de psychanalyse familiale.
-L’APSYG (Association pour le développement des techniques psychanalytiques de groupe) est fondée en 1981, sous l’impulsion de G. Decherf et de JP. Caillot, avec bien d’autres et avec le soutien de D. Anzieu et PC. Racamier. On voit que ses origines s’ancrent dans la psychanalyse groupale. Mais l’émergence d’une orientation spécifiquement familiale dans la psychanalyse, sera favorisée notamment lors du congrès de Toulouse en 1983 organisé par cette association : l’APSYG et en collaboration avec une société régionale : le CUPPA. Ce moment inaugure la popularisation du travail thérapeutique familial, notamment à partir des travaux d’A. Ruffiot. ²
L’APSYG va former de nombreux thérapeutes psychanalytiques spécifiquement familiaux qui deviendront par la suite des membres de nos diverses sociétés psychanalytiques familiales. En 1985, elle va créer sa revue : GRUPPO ; c’est la première revue française et internationale de psychanalyse groupale familiale. La création de l’APSYG, le déploiement de son courant de pensée et de ses actions de formations, seront accompagnés de publications foisonnantes, de livres et d’articles en rapport avec la psychanalyse familiale.
Et notons à cette époque, la création d’autres associations concernant la psychanalyse familiale, notamment dans les régions : ADTFA (région PACA en 1988), ADSPF (région Rhône en 1989), Temps Fort (à Lille en 1990), APSYFA (région aquitaine en 1991). Les fondateurs de ces associations connaissent bien ce courant de pensée de la psychanalyse familiale qui commence à construire une véritable famille.
- Fondation de nouvelles sociétés en 1995
Après la scission de l’APSYG, fin1994, de nouvelles énergies vont rapidement impulser la création d’autres associations qui poursuivront les recherches et travaux de l’APSYG. Certains, qui avaient quitté l’APSYG avant la scission, se positionneront avec Gérard Decherf d’un coté et de l’autre avec Jean Pierre Caillot ; tous deux vont chacun être à l’origine de la fondation de nouvelles sociétés.
-La STFPIF (Société de Thérapie Familiale Psychanalytique d’Ile de France) société régionale de formation en Ile de France, est fondée le 12 juin 1995, à l’initiative de G. Decherf, avec A. Ruffiot, E. Granjon, A. Eiguer et bien d’autres, et avec le soutien de D. Anzieu et de S. Tisseron.
Je n’oublie pas que c’est Gérard Decherf qui a été à l’origine de la STFPIF et de la SFTFP. C’est grâce à ses efforts que nous avons appris à vivre ensemble. Nous lui en sommes tous redevables. » Serge Tisseron (Premier président de la STFPIF)
-En 1995 la SFTFP (Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique), va être créée parallèlement. Un groupe de réflexion sur la Thérapie Familiale Psychanalytique constitué à l’initiative de G. Decherf avec E. Granjon, A.M. Blanchard, A. Eiguer, F. Aubertel, A. Ciavaldini, S. Tisseron…. va déboucher sur la création de cette société nationale de recherche qui n’avait pas pour but de former les TFP, ce travail étant réservé à des associations régionales déjà existantes…
-Enfin le CPGF, (Collège de psychanalyse groupale et familiale) est fondé également en 1995. C’est un groupe réuni autour de Jean Pierre Caillot avec Paul Claude Racamier et bien d’autres, qui va créer ce collège.
Les sociétés de TFP et le Collège, s’appuient sur deux courants psychanalytiques très proches théoriquement, même si l’on observe un infléchissement vers les théories de PC. Racamier au CPCF et vers celles d’A. Ruffiot, D. Anzieu aux STFPIF et SFTFP. Pendant plusieurs années ces deux branches associatives vont travailler chacune de leur coté, avant de se retrouver dans les années 2000 au niveau international (AIPCF, fondé à l’initiative d’A. Eiguer) puis au niveau national (notamment lors de Journées associatives annuelles).
- Les buts et premières activités de la STFPIF
Les fondateurs de la STFPIF, vont se réunir pour écrire les statuts avec A.M. Blanchard, C. Diamante C. Leprince, G. Decherf, J.P.Dumont, A. Eiguer, N. Khoury, B. Michel, A. Ruffiot, R. Sefcick, S. Tisseron. L’objet de la société est de diffuser, de promouvoir les idées scientifiques, la recherche, le caractère spécifique et éthique tant sur le plan clinique que sur le plan théorique de la TFP. Ses moyens sont l’organisation de journées, de colloques ou congrès portant sur la TFP ; et la formation de thérapeutes familiaux psychanalytiques ou de professionnels médicaux, sociaux, éducatifs, d’inspiration psychanalytique.
La STFPIF, créée le 12 juin 1995, va établir son siège et faire ses réunions : au 17 rue Boulard (75014) où des fondateurs ont leurs cabinets, notamment Gérard Decherf et Jean Pierre Dumont. A partir de 1998, les CA de la STFPIF se dérouleront dans le nouveau lieu des cabinets de Gérard Decherf et de Jean Pierre Dumont, au 7 rue Ernest Cresson, toujours dans le 14ème. Vers 2009, le CA choisira un local plus neutre pour ses réunions au centre Reille. Plus tard, les CA se feront au FIAP, rue Cabanis à Paris, après 2010 ; puis en visio des 2020, en raison de l’état sanitaire.
Les premiers présidents seront, tous les 3 ans en général, Serge Tisseron en 1995, Alberto Eiguer en 1998, Gérard Decherf en 2001. Puis se succéderont : Jean Pierre Dumont en 2005, Élisabeth Darchis en 2008, Chantal Diamante en 2011, Maryvonne Barraband en 2015. Chantal Diamante est présidente depuis 2018.
La bonne marche de l’association sera animée par des membres impliqués et actifs dans les réunions de CA et bureaux successifs, dans la préparation des colloques annuels, des conférences, dans le suivi et les réflexions autours des processus de formation, etc.
Pour la formation, de nombreux membres de la STFPIF animent les groupes : théorico-clinique, psychodrame, supervisions, groupes de recherches, groupes de sensibilisation…
En 1996, les premiers formateurs de la STFPIF seront essentiellement des fondateurs : Gérard Decherf, André Ruffiot, Anne-Marie Blanchard, Alberto Eiguer, Serge Tisseron déjà formateurs ou membres à l’APSYG, avec Christine Leprince, Roland Sefcick, Najib Khoury. S’ajouteront comme formateurs sur les programmes de formation dès 1997 : Jean-Pierre Dumont, Chantal Diamante, Bertrand Michel, Pierre Benghozi, Laurence Knera, Haydée Popper, puis en 2000 : Eduardo de Oliveira, Florence Baruch, Élisabeth Darchis, en 2001 Maryvonne Barraband, Martine Mercier, Didier Pilorge, puis Danièle Quémenaire et bien d’autres…
Les premiers formateurs ont été auparavant formés du temps de l’APSYG. Puis d’autres membres, psychanalystes et TFP, vont se former comme formateurs auprès des fondateurs-formateurs. Des professionnels reconnus comme TFP à la fin de leur formation, peuvent devenir membres de la STFPIF et certains vont se former pour devenir formateurs à la STFPIF.
La société va développer la formation à la TFP et à l’écoute familiale et les premiers groupes de formation seront animés par :
– 4 groupes théorico-clinique
1) G. Decherf avec L Knera (en 97, 99), puis avec F. Baruch, 2) G. Decherf puis avec E. Darchis (en 97, 98, 99) puis avec D. Quémenaire 3) JP. Dumont et C. Leprince, 4) A. Eiguer
– 4 groupes de supervision
1) G Decherf avec G. Mevel (en 98), puis avec E. Darchis (en 2000), 2) C. Diamante et JP. Dumont, 3) A. Eiguer, 4) A. Ruffiot et L. Knera (en 97, 98) puis C. Leprince en 99 (avec H Popper)
– 2 groupes de psychodrame
1) AM. Blanchard et G Decherf, puis avec P. Castry, 2) C Diamante et JP Dumont ;
– Plusieurs groupes de recherches :
Avec 1) AM Blanchard, G. Decherf et A. Ruffiot, 2) P. Benghozi, 3) G Decherf et L. Knera, 4) A. Eiguer, 5) R. Sefcick, 6) S. Tisseron, 7) B. Michel, puis 8) C. Diamante et JP Dumont, 9) E Darchis, 10) A. Bergeron et d’autres par la suite.
Tous ces groupes continuent d’évoluer avec d’autres formateurs qui viennent régulièrement renforcer les rangs.
Les colloques de la STFPIF se sont déroulés à Paris, d’abord en alternance avec des journées, puis tous les ans, et a partir de 2006, tous les deux ans en alternance avec les colloques de la SFTFP.
Citons quelques colloques et journées de la STFPIF :
– En janvier 1996, 1er Colloque commun avec la SFTFP : On trompe un enfant.
– En 1997, 2ème Colloque : Fêtes et nostalgie dans la famille
– En 1998, journée d’étude : Le Familial et le transgénérationnel
– Janvier 1999, 3ème Colloque : La maison familiale, mémoire de liens
– Janvier 2000, journée d’étude : Adolescence et famille
– Janvier 2001, 4ème colloque : Rivalité et complicité entre les sexes
– Janvier 2002, 5ème colloque de : L’intime et le privé dans la famille
– Janvier 2003, 6ème colloque : Narcisse et Œdipe sont en bateau
– Janvier 2004, colloque : Tyrannie en famille, techniques du soin en TFP »,
– Janvier 2005, colloque : Crises dans la famille et dans l’institution,
– Janvier 2006, colloque : Familles je vous hais !
– En janvier 2007, colloque : Ordre et désordre dans la famille,
– En Janvier 2008, colloque : Violences conjugales, violences familiales,
– En Janvier 2010, colloque : Corps familial, héritage corporel et psychique
– Janvier 2012, colloque : Alors raconte…” Rêves, cauchemars et mythes familiaux,
– Janvier 2014 : Eclats et tremblements : l’énigme du sexuel dans famille et institutions
– Janvier 2016 : La famille saisie par son histoire
– Janvier 2018 : Les destins du couple dans la famille
– Janvier 2020 : Les vulnérabilités familiales
– A venir 2022 : Une journée est à l’étude.
Citons aussi les conférences mensuelles à Ste Anne (Paris), mais qui ont cessées après 2015.
Enfin soulignons que la STFPIF est rattaché à la FAPAG, (Fédération des Associations de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe), fondée également en 1995, à l’initiative de membres de la SFPPG. Cette Fédération d’Associations rassemble les sociétés ayant pour buts communs le développement de la clinique et la formation aux psychothérapies de groupe et de famille de référence psychanalytique.
Elisabeth Darchis
[1] Ruffiot A., 1981, La TFP, Dunod.
[2] Nous en parlerons dans le prochain Intermédiaire.
Quelques aspects des origines de la psychanalyse groupale
Après S. Freud et ses approches sur le thème du groupe et sur les fonctionnements des formations collectives (Totem et Tabou en 1913, Psychologie collective et analyse du moi en 1921, Malaise dans la civilisation, 1930…) et après les travaux de certains psychanalystes de l’époque sur les mythes et les rêves, sur l’inceste et les archétypes, les traumatismes (O. Rank, K. Abraham, C. Jung, S Ferenczi …), des successeurs, comme M. Klein (1932), D.W.Winnicott (1945, 1951, 1960), W. Fairbairn (1952)[1] ou J. Lacan, N. Abraham et M. Torok…, vont interroger les liens et les groupes ou les transmissions générationnelles. Puis différents praticiens vont approfondir et élargir ce champ nouveau.
Mais repérons d’abord quelques précurseurs, comme JL. Moreno qui travaille dans les années 1925 sur la dynamique de groupe et qui crée le psychodrame dès les années 1930. Il a vécu à Vienne où il a rencontré Freud, mais il n’a pas adhéré aux thèses psychanalytiques et préférant mener la psychothérapie dans l’environnement du patient, plutôt que dans un cabinet. On peut citer l’exemple de Trigant Burrow, l’un des fondateurs de L’Association Psychanalytique Américaine qui, dès les années 20, avait mis en place le principe d’un « setting » dans un dispositif de petits groupes de discussion et avait écrit à Freud pour lui en parler. Ce n’était pas vraiment une école, mais plus une intuition, un tâtonnement. Cet exemple reste intéressant pour appuyer l’idée que le groupe a préoccupé la psychanalyse dès son jeune âge
Mais cette approche américaine va manifester avant 1970, la prédominance d’un modèle systémique (cf. l’École de Palo Alto et de G. Bateson avec les travaux sur le double bind en 1956). Citons néanmoins le psychanalyste H. Searles, dans la filiation de l’École Psychanalytique hongroise, qui fait paraitre un article en 1959 « L’effort pour rendre l’autre fou » ouvrant à l’époque une approche psychanalytique des liens complexes entre la problématique individuelle et le contexte familial de certains troubles. H. Searles est souvent associé de nos jours au courant inter-subjectiviste qui domine l’École américaine de psychanalyse.
Le véritable développement de la pratique groupale d’orientation psychanalytique va émerger dans plusieurs régions du monde. La psychanalyse groupale va développer des bases théoriques en proposant le groupe comme objet en tant qu’ensemble constitué d’éléments reliés entre eux, mais aussi en tant qu’entité avec ses phénomènes psychiques propres.
Les psychanalystes du groupe s’accordent maintenant, à parler de différentes écoles psychanalytiques de « groupalistes » dans le monde et qui ont des recherches proches, mais également distinctes et bien personnalisées. Les premiers travaux de ces écoles apparaissent réellement dans les années 1930-1940 et ils vont progresser surtout dans les années suivantes. Nous continuons à les prendre comme référence pour nos travaux qui sans cesse continuent d’évoluer.
Nous allons proposer un rapide survol de ces courants avec quelques grandes figures qui participent à ces écoles fondatrices de la psychanalyse groupale dans plusieurs pays et continents, comme l’école anglaise, l’école argentine, l’école italienne, l’école hongroise et l’école française.
Aujourd’hui explorons la psychanalyse groupale et l’école anglaise. Dans les prochains numéros de L’intermédiaire nous aborderons les grandes figures des autres courants de la psychanalyse groupale.
L’école anglaise
La psychanalyse de groupe apparait à Londres vers 1940, lorsque des analystes praticiens mettent en œuvre des dispositifs de groupe sur le modèle de la cure psychanalytique pour explorer l’inconscient du groupal. Outre les apports fondamentaux de M. Klein (La psychanalyse des enfants, 1932) et de D.W. Winnicott (La théorie de la relation parent-nourrisson, 1960,) qui concernent surtout le groupe premier avec les relations mère/enfant ou parent/nourrisson, il nous faut surtout citer les travaux de S.H. Foulkes (Psychothérapie et analyse de groupe,1964,) de W.R.Bion (1961, Recherche sur les petits groupes- Aux sources de l’expérience, 1962,) ou plus récemment D.W. Meltzer (Le conflit esthétique, son rôle dans le développement psychique de l’enfant, 1987).
S.H. Foulkes, formé à Francfort et émigré d’Allemagne en 1933, est l’un des premiers analystes à s’intéresser au groupe et à le considérer comme une totalité. Il entreprend des psychothérapies dites « psychanalytiques de groupe » dès 1938. Il met au point un dispositif thérapeutique groupal, les groupes thérapeutiques ou T-Groups, d’où sont issues ses théorisations. En 1948, il attire l’attention sur l’effet de « résonance inconsciente » dans les groupes thérapeutiques… « Il s’agit ici de qualifier une mise en commun, une activation d’un même univers pulsionnel, représentationnel, affectif, fantasmatique.» (Decherf, Darchis, Knera, 2003, p 40.)
Cet auteur propose aussi des concepts comme la résonance fantasmatique et la matrice psychique. Il introduit le concept de tension commune du groupe, de fantasmes communs des groupes. Après la guerre, il sera le fondateur de ce mouvement « group analytique » qui s’inscrit dans un courant gestaltiste, avec H. Ezriel (A psycho-analytic approach to group treatment, 1951,) et qui travaille aussi sur le traitement du groupe.
De son coté, Wilfred Bion engagé en 1932 comme médecin assistant à la Tavistock Clinic londonienne, travaille avec Rickman sur la notion de groupe et de « leadership », se faisant pionnier de la dynamique de groupe dans les années 40. Il propose la mobilisation des processus de groupe pour le traitement de certaines pathologies traumatiques, borderline et psychotiques. Il élabore vers 1960, une théorisation psychanalytique groupale sur « la mentalité de groupe et la circulation émotionnelle et affective » qui organise inconsciemment le groupe. Pour Bion, le groupe s’organise à un premier niveau dans la recherche d’une tâche commune faisant surtout appel aux processus psychiques secondaires. Il s’organise aussi inconsciemment au niveau des processus psychiques primaires inconscients en permettant une circulation émotionnelle et fantasmatique. Les individus en groupe fonctionnent en rapport avec des états affectifs, archaïques, prégénitaux que Bion appelle présupposés de base… Ces derniers sont au nombre de trois. La dépendance : le groupe recherche un leader exerçant la fonction de satisfaction des besoins. Ce maître « divinisé » bénéficie de la perte du jugement critique de chacun. L’attaque-fuite : c’est une défense contre l’existence supposée d’un ennemi dans le groupe ou hors du groupe. Le couplage : dans un espoir quasi messianique, le leadership est attribué à un couple susceptible d’enfanter un leader non encore né. W.R. Bion montre que ces présupposés de base sont des organisations groupales défensives inconscientes, des réactions contre les angoisses psychotiques réactivées par la situation de groupe. En mobilisant des émois, des affects, des angoisses, le groupe va élaborer des défenses communes inconscientes autour de ces trois fantasmatiques.
L’auteur proposera aussi le concept de fonction alpha décrivant la capacité individuelle de former des pensées oniriques, de métaboliser les éléments Bêta internes (contenus psychiques bruts, fantasmes, haines et désirs inconscients) ou qu’un autre peut déposer en lui. Le prototype de la fonction alpha est la capacité de rêverie de la mère qui, prenant en elle les contenus Bêta déposés par son bébé, lui restitue des éléments alpha, c’est-à-dire une élaboration permettant au bébé de se débarrasser des éléments bruts par la projection de sensations, sentiments et motions trop douloureuses, intenses et désordonnées. La mère les lui rend alors attendris par la médiation de sa rêverie
S.H. Foulkes et W.R Bion seront des références pour nombre de psychanalystes par la suite. Leurs hypothèses audacieuses seront reprises en partie et prolongées par les théorisations de D. Anzieu (1975) et de R. Kaës. (1976), et de bien d’autres. Ils seront aussi une source pour la recherche de Gérard Decherf dans sa pratique des groupes d’enfants et il s’appuiera sur ces auteurs dans son premier ouvrage « Œdipe en groupe » en 1981. La fonction alpha, décrite par Wilfred Bion, sera aussi reprise par Gérard Decherf et André Ruffiot comme capacité groupale et fonction thérapeutique. A l’opposé de la fonction alpha, ces deux auteurs nous proposeront aussi le concept de fonction oméga (que Laurence Knera développe dans la partie 2 de cet ouvrage).
Citons aussi Donald Meltzer, d’origine américaine, qui vient se former et s’installer à Londres en 1954 pour travailler avec Mélanie Klein. Il a enseigné pendant plus de 20 ans à la Tavistock Clinic. Il y travaillait en collaboration avec Wilfred Bion, Roger Money-Kyrle, Esther Bick et Martha Harris. Il est connu pour son travail notamment sur l’autisme et il est souvent cité (par Jean Bégoin, entre autres) comme référence complémentaire au travail de Frances Tustin. Il a apporté les notions de claustrum en psychanalyse, celle d’identification intrusive ou de conflit esthétique, (1987, Le conflit esthétique, son rôle dans le développement psychique de l’enfant), mais aussi la théorie des 3D : dépositaire, déposant et déposé et qui inspirera Pichon-Rivière en Argentine. Gérard Decherf s’appuiera sur le concept de « conflit esthétique » de Meltzer, pour prolonger ces recherches et proposer son propre concept de « relation d’objet esthétique ». Alberto Eiguer développera aussi la notion d’esthétique à partir de tous ces apports…
Les psychanalystes anglais participent grandement au développement du courant de la psychanalyse de groupe et nous verrons dans le prochain Intermédiaire 85 que d’autres pays et continents en font tout autant…
Nous avons conscience d’avoir fait un résumé rapide sur cette Ecole de la psychanalyse de groupe en Angleterre.
[1] Fairbairn W. est un des pionniers des théories de la relation d’objet. Cf. en 1952 son Études psychanalytiques de la personnalité.
L’école argentine
En Argentine, la psychanalyse est présente dès le début du siècle dernier et dans les années 1950, elle tente une articulation entre l’espace psychique individuel et l’espace du groupe et des institutions. De grands noms sont associés aux origines de cette nouvelle psychanalyse, comme Pichon Rivière, Bleger, Resnik, Eiguer, puis par la suite Berenstein, Grinberg, Pujet, Jaïtin et bien d’autres.
Revenons juste sur quelques premières grandes figures à l’origine de ce courant argentin :
– Enrique Pichon Rivière (1907-1977), était un psychiatre, né en Suisse de parents français qui immigrent en Argentine, quand il a 3 ans. Il fait, dès les années 1960, des psychothérapies groupales (1960 : Tecnica de los grupos operativos ; 1971 : Le processus groupal : de la psychanalyse à la psychologie sociale) et il propose l’idée du lien comme une forme mutuelle de communication inconsciente entre des personnes (cf. sa théorie sur les configurations du lien). En 1971, il soulignait : « Il n’y a pas de psychisme en dehors du lien à l’autre » En s’inspirant de la théorisation kleinienne, il conceptualise la triade « déposant-dépôt-dépositaire », selon laquelle le patient serait « dépositaire » d’une maladie mentale, dont sa famille serait le « déposant ». Il développe également une théorisation du patient «porte-voix». E. Pichon Rivière est l’un des pionniers de la thérapie familiale.
-« Dans les années 1950-60, E. Pichon Rivière, commence ses recherches dans le domaine de la thérapie familiale psychanalytique. Son travail à l’hôpital psychiatrique le conduit à proposer que la psychose chez un membre de la famille est un émergent qui implique tout le groupe familial. C’est pourquoi il considère que le délire que construit un membre de la famille doit donc se comprendre comme une tentative d’expression d’un conflit intrapsychique et intersubjectif. Suivant les idées de l’école anglaise (Meltzer), il soutient l’hypothèse dynamique que dans tout processus de maladie mentale, il y a un dépositaire de la maladie, le patient, qui fonctionne comme un porte-voix du groupe familial ; celui-ci étant le déposant des fantasmes. Puis, il commence à élaborer sa théorie du lien : espace de passage entre l’intrapsychique et l’intersubjectif. Et entre 1960-1978, Pichon Rivière définit le sujet humain comme « émergent » qui prend forme dans une trame complexe où s’entremêlent le lien, en tant que relation bi-corporelle et tri-personnelle, et le groupe comme réseau de liens. Pour lui, il n’existe pas de groupe sans tâche ; la tâche constitue un organisateur groupal tant au niveau latent qu’au niveau manifeste. La tâche explicite ou manifeste en question dépend du champ opératif du groupe. La tâche latente, la structure groupale et le contexte dans lequel tâche et groupe forment une équation, source de fantasmes inconscients, suivent le modèle primaire du déroulement du groupe interne. » Alberto Eiguer (in site de la STFPIF)
– José Bleger (1922-1972) est un psychiatre psychanalyste, issu d’une famille juive immigrée en Argentine. Il est connu pour ses recherches sur le cadre, mais aussi pour ses concepts de noyau agglutiné et de dépôts, et pour ses travaux sur la relation syncrétique et sur l’immobilisation des parties symbiotiques de la personnalité (1967 : Symbiose et ambiguïté ; 1970 : Le groupe comme institution ; 1979 : Psychanalyse du cadre psychanalytique)
Sa conception de la symbiose pose l’interdépendance étroite entre deux ou plusieurs personnes qui se complètent pour conserver les besoins de leurs parties les plus immatures Ces parties contrôlées, immobilisées, constituent chez l’adulte la partie psychotique de la personnalité et J. Bleger leur a donné nom de noyau agglutiné. Ce dernier est formé des identifications les plus primitives, où n’existe pas la discrimination entre le moi et le non-moi. Cette partie psychotique de la personnalité est ambigüe et polyvalente et elle peut connaître des polarisations extrêmes. En référence à W. Bion, elle est le résidu d’une organisation primitive antérieure à la position paranoïde schizoïde et désignée par J. Bleger sous le nom de position glischro-caryque.
Dans ses travaux sur le cadre, J. Bleger distingue cadre et processus. Il montre comment le cadre résulte de l’intrication d’abord d’un système d’invariants, de constantes, qui forment un contexte à l’intérieur duquel se déroule la cure. Ce système d’invariants est proposé par l’analyste, et il ne doit être « ni ambigu, ni fluctuant, ni altéré ». Mais le cadre n’est pas seulement ce qui est trouvé par le patient (ou la famille) ; il est aussi ce qui provient de lui (ou du groupe). En effet dans le cadre proposé par l’analyste, le patient (ou la famille) dépose ou incruste son « monde fantôme » ; il s’agit de la partie la plus primitive de la personnalité, qui est « la relation symbiotique primitive », la fusion mère enfant. Le cadre ainsi constitué est silencieux, effacé, muet… Il se démutise lorsqu’il y a une rupture du système de constantes qui le constitue. Ces théorisations peuvent s’appliquer aux réflexions sur le cadre en TFP.
– Salomon Resnik (1920-2017) est né en Argentine, de parents ukrainiens juifs originaires d’Odessa. Il fait des études de médecine et de psychiatrie en Argentine et il sera formé à la psychanalyse par E. Pichon Rivière, à Buenos Aires. Il est admis comme membre de la Société de psychanalyse argentine dans les années 1950. À l’issue de sa participation au 19e congrès de l’Association psychanalytique internationale à Genève, en 1955, il décide de quitter l’Argentine et de continuer sa formation psychanalytique en Europe. Il est notamment connu pour ses travaux originaux sur la psychose dont il fait une analyse de la communication et du langage psychotique, dans l’ouvrage « Personne et psychose ». Il poursuit d’abord ses activités à Paris, en 1957, puis à Londres où il demande une supervision à Mélanie Klein ; et il refait une analyse avec Herbert Rosenfeld. Plus tard, il se rapproche de la pensée de Wilfred Bion, dont il suit le séminaire durant les années 1960. Il fera venir W. Bion pour des séminaires en France alors qu’il exerce lui-même comme psychanalyste à Paris, à la fin des années 1960. Il sera en France, membre et président de 1990 à 1994, de la Société française de psychothérapie psychanalytique de groupe (SFPPG) favorisant la diffusion internationale de travaux comme ceux de Pichon Rivière ou de Bion. Salomon Resnik a exercé principalement comme psychanalyste à Paris et il a également mené une activité de thérapeute en Italie.
– Alberto Eiguer, psychiatre, psychanalyste, né en Argentine et originaire d’une famille polonaise immigrée. Il a travaillé avec Pichon Rivière dès les années 1960-70. Il a publié des articles sur la psychanalyse du groupe et de l’institution en Argentine dans les années 1970, comme « Transfert et contre transfert en institution » (1972). Puis lorsqu’il arrive en France, il publie dans le Bulletin de Psychologie « Introduction à la théorie d’E. Pichon-Rivière sur les groupes » (1974), en collaboration avec Mme D. Eiguer. Alberto Eiguer pratique des TFP dès les années 1970 et il diffusera cette pensée psychanalytique sur le psychisme familial avec son fonctionnement inconscient et sa vie fantasmatique partagée. Son intérêt pour explorer le contenant spatial et l’habitat intérieur, (que Pichon Rivière appelait déjà le monde intérieur partagé en 1971 in : Le processus groupal : de la psychanalyse à la psychologie sociale) est déjà présent dans son article de 1981. Alberto Eiguer est une grande figure de la psychanalyse de la famille et un spécialiste de la compréhension des liens pervers et des organisations défensives perverses. Président à la STFPIF, puis à la SFTFP, il sera le premier président de la société internationale : l’AIPCF, qu’il a fondé avec bien d’autres psychanalystes du couple et de la famille.
Il y aurait encore beaucoup de belles figures à citer, car l’Argentine va développer d’autres beaux travaux à la suite de ces premiers pionniers ; citons notamment Janine Puget qui vient de nous quitter.
– Nous allons évoquer encore des précurseurs dans deux autres pays où la psychanalyse est également novatrice en psychanalyse groupale, familiale, générationnelle, ainsi qu’institutionnelle.
– L’école Italienne.
L’école italienne met en place des recherches sur la psychothérapie de groupe dès les années 1960. Mais elle semble comporter deux courants, l’un plutôt foulkien et l’autre bionien.
– D’un coté, Diego Napolitani et Leonardo Ancona explorent avec d’autres, la psychanalyse de groupe dans un courant préférablement foulkien : Diego Napolitani travaille notamment, sur les nouvelles possibilités techniques issues du développement de la psychanalyse dans son application au traitement des psychotiques, des groupes et des institutions, avec une perspective de triangulation entre le besoin social, la capacité technique et le milieu social (1972, Signification, fonction et organisation dans les institutions psychiatriques). Cet aspect vient reproduire la situation originaire du rapport mère-enfant, avec la capacités de la mère, les besoins de l’enfant et le milieu familial dans la composante narcissique et symbiotique formant une réalité fusionnelle et unitaire où se produisent des échanges de parties non objectales ou pré-objectales ; et par ailleurs dans la composante objectale de l’institution familiale qui vient imposer à la mère comme à l’enfant, le bain des échanges objectaux de la famille dans son ensemble ainsi autorisée et garantie par la loi des échanges objectaux. C’est l’interaction de ces deux composantes qui déterminera l’histoire familiale et l’identité de chaque membre de la famille
-D’un autre coté Francesco Corrao, Franco Basaglia, Franco Fornari, Paolo Perroti et Claudio Néri proposent de considérer le champ groupal comme un état mental partagé, comme plutôt rapproché de la mentalité primitive de WR Bion (1961). Claudio Neri apportera aussi les concepts de synchronie et d’interdépendance et parle d’un fantasme inconscient multipersonnel.
Claudio Néri écrit : « Le champ actuel (champ ici et maintenant), est la résultante de l’ensemble des images, pensées, fantasmes, représentations déposés dans le groupe, mais aussi des affects, impulsions, émotions et sensations, présents et actifs dans le groupe à un moment donné… » (cf. 2009, Sur la naissance de la psychothérapie de groupe en Italie, RPPG).
Il décrit également en 2009, les origines de ce courant : « À Rome, à l’Institut de clinique neuropsychiatrique, il y avait dans les années 1960 : Paolo Pancheri, devenu ensuite un des grands noms de la psychiatrie médicale ; Luigi Cancrini, qui commençait alors ses premières expériences psychothérapeutiques avec les familles et Antonello Correale, avec qui j’ai dirigé quelques années plus tard l’édition de « Lire Bion » ; il y avait aussi Paolo Perrotti, qui a lancé une importante initiative de psychanalyse populaire en fondant « Lo Spazio psicoanalitico » et bien d’autres encore…. Naquit à Rome, le premier « groupe de service hospitalier» qui dura environ deux ans, dans un contexte historique d’effervescence socioculturelle généralisée de 1968 »
L’école Hongroise
Citons également l’école Hongroise avec les travaux de Sàndor Ferenczi, de Michael Balint ou de Nicolas Abraham et Maria Torok. Ce ne sont pas proprement parler, des psychanalystes groupalistes, mais leurs travaux éclairent la psychanalyse groupale et familiale notamment dans son aspect générationnel.
Ferenczi (1873-1933), d’une famille d’origine polonaise, est neurologue et psychanalyste hongrois. Il a été analysé par Freud et il est fondateur, en 1913, de l’Association psychanalytique hongroise. En 1932, dans Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, il montre que l’adulte et l’enfant ne parlent pas la même langue, ouvrant sur la différence des générations. Mais, il est mis au ban de la communauté psychanalytique dès 1932, avant d’être réhabilité à partir des années 1980, notamment grâce à Michael Balint qui traduit en anglais et publie son œuvre. Ses recherches porteront notamment sur les introjections et sur la théorie du trauma.
Balint (1893- 1970) médecin psychanalyste hongrois, analysé par Ferenczi, a créé un dispositif groupal de supervision et de réflexion, d’orientation psychanalytique, destiné aux médecins généralistes, afin de les aider à penser la relation d’aide avec leurs patients dans une perspective clinique : les groupes Balint qui seront à l’origine du courant clinique d’analyse des pratiques professionnelles que l’on trouve aujourd’hui dans le monde du soin et de la relation. Balint développera entre autres, une notion qui intéresse ainsi le groupe : la régression bénéfique. Son épouse Alice Balint (1898-1939), était la fille de Vilma Kovács, l’une des premières psychanalystes hongroises et l’élève de Sándor Ferenczi. Balint reprendra la direction de la policlinique psychanalytique fondée par Ferenczi, de 1933 jusqu’à son départ pour l’Angleterre en 1939. Il y animera aussi des séminaires et des conférences, auxquels assistent ses confrères : Vilma Kovács, Géza Róheim, Imre Hermann, Edith Gyömrői, István Hollós, etc.
Enfin, citons Nicolas Abraham (1919-1970) et Maria Torok (1925-1998), d’origine hongroise, qui sont venus en France pour fuir la montée du nazisme et celle du communisme en Hongrie. Ils ont étudié d’une façon inédite, les questions liées à la pratique et à la théorie psychanalytiques. Précurseurs sur la notion du générationnel, leurs travaux portent notamment sur le secret de famille transmis d’une génération à l’autre (théorie du fantôme, de la hantise) sur le deuil pathologique (maladie du deuil), sur l’unité duelle et l’identification à un autre (incorporation), sur l’enterrement d’un vécu inavouable (la crypte, la honte) et sur le destin du trauma vécu précocement dans la vie de l’enfant. Cf. entre autre : L’écorce et le noyau publié en 1978 (qui rassemble des textes écrits dans les années 1960 et 1970 par ces auteurs) ou Le Verbier de l’Homme aux loups en 1976. L’Association Européenne Nicolas Abraham et Maria Torok continue de nos jours à promouvoir et à développer la pensée psychanalytique de ces auteurs.
Nous avons conscience d’avoir fait un résumé rapide sur ces différentes écoles internationales de la psychanalyse de groupe ou de famille.
Histoire de la Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique
Dans la continuité de ces travaux et recherches, sur l’initiative d’Evelyn Granjon et de Gérard Decherf, un groupe de réflexion sur la Thérapie Familiale Psychanalytique se constitue au cours du dernier trimestre 1994,. Il était composé initialement de : A.M. Blanchard, E. Granjon, A. Ciavaldini, G. Decherf, A. Eiguer et S. Tisseron. Les premières réunions se sont tenues dans les locaux professionnels de G.Decherf et très rapidement elles ont eu lieu au siège de Médecins du Monde dont B. Granjon était président, pour donner un caractère institutionnel et peut-être déjà international aux créations envisagées. Ce groupe a donné naissance en 1995 à la Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique (S.F.T.F.P.) dont E.Granjon a été la première présidente, A. Ruffiot, fondateur de la T.F.P. étant président d’honneur.
Le but était d’affirmer, soutenir, défendre et promouvoir le caractère spécifique et éthique de la T.F.P. tant sur le plan clinique que théorique. Il s’agissait donc, notamment, de regrouper les professionnels de la santé exerçant comme thérapeutes familiaux, de définir les concepts et la technique, de recenser les travaux, de promouvoir la profession et de la faire connaître par des publications, des manifestations, des congrès etc. Toutefois, l’association n’avait pas pour but de former les thérapeutes familiaux, ce travail étant réservé à des associations régionales existantes ou à créer. Les premiers fondateurs sont : F. Aubertel, M. Baraband, P. Benghosi, A.M. Blanchard, A. Ciavaldini, P. Cuynet, G. Decherf, J.P. Dumont, A. Eiguer, F. Fustier, I. Gambini, E. Grange, E. Granjon, R. Jaitin, C. Joubert, C. Leprince, G. Mevel, A. Ruffiot, O. Ruiz-Corréa, B. Savin, R. Sefcick, S. Tisseron, C. Vachaud. Parmi les principales réalisations citons Le Divan Familial revue très appréciée qui est déjà à son 13ème numéro, le premier Congrès international à Paris en Mai 2004, les journées internes de recherche…
STFPIF
Société de Thérapie Familiale Psychanalytique d’Ile-de-France
Mail : secretariat.stfpif@gmail.com
Tél : 07 52 05 22 05
La STFPIF est membre de la FAPAG (Fédération des Associations de Psychothérapie Analytique de Groupe). La STFPIF est une des associations régionales en lien avec la SFTFP : Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique
NOS FORMATIONS
- Formation thérapie familiale psychanalytique30 juin 2020 - 15 h 03 min
- Formation aux entretiens familiaux29 juin 2020 - 11 h 40 min
- Périnatalité et groupalité28 mai 2020 - 16 h 18 min